Créfieu, 2 ans !
Çà fait bientôt 2 ans que s'est produit le séïsme en Haïti !
Un petit tour sur l'interface de ce blog abandonné m'oblige à constater qu'il reste drôlement visité.
Alors pourquoi pas un petit post pour faire le point sur mon année 2011 ? Après tout, le maître-mot pour moi depuis la dernière rentrée est "vie normale". Cette délicieuse sensation de routine. C'est pas bien la routine ? Moi, je trouve çà très bien. Alors un post par an...
Combien de temps çà prend l'adaptation de mes enfants adoptés (et celle des parents) ?
15 mois qu'ils sont là. Sont-ils acclimatés ? Oui. Sont-ils intégrés ? Oui. Sont-ils attachés ? Peut-être pas complètement. Difficile à dire. Quels sont les signes de l'attachement ?
Mon impression : la première année a été dure. Les ajustements sont durs, parents et enfants, frères et soeurs. L'apprivoisement, comme dirait le petit Prince, est long et parsemé de doutes, de colères, d'espoirs déçus. L'attachement n'est pas un machin à la guimauve. Pour que les morceaux de pâte à modeler n'en fassent qu'un, faut malaxer grâve ! Mais l'avantage, plus on avance, c'est qu"on peut voir le chemin parcouru.
Incontestablement, après les montagnes russes, nous sommes arrivés dans un terrain moins accidenté depuis la rentrée scolaire. La plaine est en vue. Peut-être que le temps d'adaptation-apprivoisement-attachement est d'environ 2 ans. Réponse l'an prochain.
Qu'est-ce qui a changé chez moi ?
J'ai totalement revu mes priorités : famille - travail.
Exit l'engagement politique. A la fois pour des raisons de temps, mais aussi par une forme de dégoût ; Kouchner m'a tuer. Pas sûr que je vote en 2012. Çà me fait mal au ventre parce-que pour moi, c'est paradoxal d'avoir des enfants et de se désintéresser de la politique.
Ah si. J'ai adhéré à l'ACAT. Çà faisait des années que je voulais le faire. Tiens, justement, je découvre que çà torture aussi dans les geoles haïtiennes.
Je m'étais inscrit à l'ensemble choral de l'Ariège qui produit le requiem de Verdi cette année. mais j'ai abandonné parce que çà me prenait trop de temps (ou ma motivation était insuffisante en regard du travail nécessaire). Faudra attendre la retraite. :-(
Je me suis lancé dans la création d'une petite entreprise de e-commerce de peignes en corne : Thomas Liorac et aussi Peigne en corne Express.Un truc que je n'aurais jamais osé il y a quelques années. Je suis attiré par la liberté que çà me procure. J'ai très bon espoir que çà marche. En fait, çà marche déjà.
Quels sont les combats qui n'ont pas été les miens ?
Curieux de poser la question comme çà, mais elle est logique après l'overdose de 2010 et les priorités qui se sont imposées à moi.
Je ne me suis pas battu pour l'adoption plénière
Quoique source de doutes rémanents chez moi pour savoir ce qui est le mieux pour mes enfants, je m'étais dit très tôt que ce ne serait pas mon combat. Mes enfants ne seront pas en danger de mort en adoption simple. Et çà ne m'empêche pas de les élever comme je l'entends. Je comprends que d'autres en aient fait un combat. En la matière, nous sommes toujours dans une ligne de fracture entre d'une part des positions de principe (les lois, la globalité de la condition enfantine dans le monde...) et l'intérêt personnel d'un enfant à un moment et un lieu donnés.
Ce que je trouve une connerie de la part de l'Etat Français, c'est de donner un visa d'un an alors qu"il sait pertinemment que les jugements prennent des plombes. Complètement débile.
Je ne me suis pas investi dans une cause humanitaire pour Haïti
Çà aussi, je ne voulais déjà pas le faire avant l'arrivée de mes garçons. De toutes façons, je n'ai jamais trop aimé l'humanitaire (je sais c'est pas bien). A la rigueur, le développement, et encore, je trouve que bien souvent, c'est mal fait, inutile, et contre-productif. J'aime bien les projets éducatifs parce-que c'est la seule chose qui puisse faire qu'un pays ne sera pas au même point dans 40 ans.
Vous l'aurez compris, je ne me suis pas investi dans l'humanitaire ni en Haïti, ni ailleurs. Un jour peut-être, quand je le ferai remonter dans mes priorités (et diponibilités). Ce sera du développement, et ce ne sera pas en Haïti. Pourquoi pas Haïti ? Je ne sais pas. Chez moi, le fait d'avoir adopté des enfants en Haïti ne déclenche pas d'attachement particulier à ce pays. Plutôt même un rejet. C'est grave docteur ? J'aimerais plutôt revenir au Sénégal où j'ai fait ma coopération. Tiens au fait, vous saviez que le Sénégal a accueilli des étudiants haïtiens ?
Je n'ai pas milité pour défendre l'adoption individuelle
La France reprend les adoptions en Haïti. Oui mais uniquement via des OAA, ce qui est un changement radical. L'adoption individuelle se réduit comme peau de chagrin. Bah oui, c'est pour éviter les trafics ! (çà me fait penser au flicages d'internet de plus en plus légalisés au nom de la lutte contre la pédophilie).
Reste la question lancinante à laquelle ne répondent ni les gouvernements des pays de départ, ni ceux des pays d'arrivée, ni l'UNICEF (j'aime bien les mettre ensemble ces trois-là) : Que deviennent les milliers d'enfants non adoptés, non scolarisés, non éveillés, non aimés, qui ont atteint l'âge de dégager de l'orphelinat et qui auront passé 4, 7, 10 ans le cul sur un matelas ?